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Interview - " Didier Simane, La Dolce Vita brisée " - PARTIE 1

Dernière mise à jour : 8 nov. 2020




Il fait, aujourd'hui, les beaux jours de l'AS Magenta et de la Sélection Calédonienne, mais Didier n'a pas toujours eu cette relative stabilité. Il a, un temps, tenté un pari fou. Le pari du monde du football professionnel ! Et pas n'importe où, en Italie ! Source de plein d'enseignements, il revient pour nous sur ce passage qui l'a vu effleurer du bout des doigts son rêve d'enfant, sur ces 9 mois qui auraient pu faire basculer sa vie dans une toute autre dimension !


 

Didier, merci beaucoup de nous recevoir. Une fois n'est pas coutume, nous allons commencer par essayer de savoir qui tu es ! D'où viens tu ? Que fais tu actuellement (à part courir après un ballon) ?

Bonjour à tous. Et bien, je viens de Lifou, plus précisément de Qanono, tribu où j'ai grandi jusqu'à l'âge de 13 ans. Et là, actuellement, je travaille en tant que chauffeur poids lourds.


Et au niveau footballistique, quel est ton parcours ?

Comme nombreux, j’ai commencé à jouer dans l'équipe de ma tribu, à L’AS Qanono. Je leur passe un petit bonjour d'ailleurs, et les remercie bien fort, car j'ai beaucoup appris là-bas. D’ailleurs, un de mes meilleurs souvenirs, ça reste notre finale de Coupe de Calédonie perdue contre Hienghene, en 2013 !

Puis, il y a eu ma petite aventure en France et en Italie. Et, enfin, le retour en Calédonie, tout d'abord au FC Gaitcha, le club de mes "grand-frères" (rire), puis à L'AS Magenta, aujourd'hui.


Didier n'avait que quelques poils au museau, mais, déjà à l'époque, il vivait de grandes émotions ! (Finale Coupe de Calédonie 2013 avec l'AS Qanono)


Tu as donc tenté le pari du football professionnel ! Raconte nous un peu ? Qu'est-ce qui te passe par la tête ? (rire)

(rire) Ben, en fait, je suis d'abord parti en France. J'avais à peu près 17 ans je crois. Je m'étais entendu avec Dominique Wacalie pour venir jouer à Decize. C'est un club qui joue en Régionale 1, proche de Bourges. C'est le club où a joué Joël Wakanumune également. Je n'y suis pas resté très longtemps finalement, car aidé par Vincent Taua, j'ai obtenu des tests dans un club de Série C, en Italie. Donc, j'y suis allé !


En Italie ! Tu pars à l'aventure, donc ! Qui est Vincent Taua pour ceux qui ne le connaisse pas ? Et comment t'a-t-il obtenu ces tests ?

Vincent Taua c'est un joueur qui a joué en Sélection Calédonienne, avec des joueurs comme Pierre Wajoka, par exemple. Lui, à ce moment là, il jouait à Teramo en Série B. Il était reconnu là-bas ! Et du coup, à l'occasion, il a parlé de moi à un agent, et c'est cet agent qui m'a obtenu l'essai. C'était dans le club de Giulianova.


Raconte nous un peu. Comment ça se passe quand t'arrives là-bas ? Qui t'accueille ? Ça ne doit pas être évident !

C'est Vincent Taua et l'agent qui m'ont accueilli. Oui, c'était pas évident. J'ai fait un test de 1 semaine. Au début, c'était vraiment compliqué : la barrière de la langue, des coéquipiers que je ne connaissais pas, et qui, eux, ne me connaissaient pas également ! Puis, j'avais 18 ans, c'était vraiment pas évident de s'affirmer. Mais, une fois que j'ai montré tout ce que j'avais dans le ventre, ça s'est mieux passé. Et au final, ils m'ont fait signer un contrat !


Un contrat, c'est le début du monde professionnel, c'est énorme ! C'était un contrat professionnel ? En quoi il consistait ?

Non, c'était un contrat semi-professionnel. La Série C, c'est comme le championnat de National en métropole, c'est un championnat semi-professionnel. Le contrat stipulait que je devais toucher au minimum 500.000 francs par mois, plus les primes de match. C'était déjà énorme !


Effectivement, ça l'était. Mais du coup, quel était ton quotidien là-bas ? Où vivais tu ? Que faisais tu de tes journées ?

La plupart des joueurs, on vivait à l'hôtel. C'était l'hôtel du club. On s'entraînait matin et après-midi. Et, le reste du temps, je me baladais un peu en ville ou je restais à l'hôtel.


Et pour la langue, comment as tu fait ?!

Ahah, oui ça c'était pas évident. Y avait un joueur belge dans l'équipe. Du coup, il a proposé au club de m'aider et de m'apprendre un peu.


En Série C, tu étais à une marche du monde professionnel. Tu as eu l'occasion de faire des essais pour des clubs professionnels ?

Oui, j'ai eu l'occasion. Et c'est ce qui a tout fait basculer.. J'ai d'abord fait un essai dans un club proche de Rome, dont je ne me rappelle plus trop du nom. Puis, j'ai fait un essai à Pescara, qui jouait en Série B à l'époque, avant de jouer en Série A. C'est un de leurs recruteurs qui m'a repéré lors d'un match avec Giulianova. Il a contacté mon agent, et a proposé que je vienne faire un test chez eux. J'y suis allé. Ça a duré 2 jours, et ça s'est super bien passé. Au final, ils souhaitaient me garder ! Mais, c'est là que ça s'est un peu compliqué..


Pourquoi ? Que s'est-il passé ? Si près du but !

Bien, en fait, le Président de Giulianova n'a pas très bien pris que je veuille aller dans un autre club, alors que j'avais signé un contrat chez eux. Personnellement, je voulais vraiment aller jouer en Série B. Du coup, il s'est mis en contact avec le Président de Pescara, et ils en ont conclu que je ne jouerais pas pendant quelques semaines, comme pour me donner une leçon. Mais, du coup, moi je n'avais pas de visibilité. Je ne savais pas combien de temps ça allait durer, 1 semaine, 2 semaines, 2 mois ? Et je ne voulais pas rester sans jouer. Je ne voulais pas non plus retourner à Giulianova. Du coup, je me suis retrouvé dans une impasse. Et c'est là que j'ai pris la décision de rentrer en Calédonie. J'avais 18 ans, j'étais jeune. J'aurais peut-être dû être plus patient. Aujourd'hui, je regrette cette décision, prise sûrement trop rapidement.


Et, ça a été la fin de ton histoire avec le football professionnel ?

Oui et non. Je pensais rentrer pour un temps et repartir, au début. Mon agent m'avait même pris un billet d'avion. Mais, quitter à nouveau la famille et les amis, c'était pas facile. Alors, j'ai pris la décision de rester en Calédonie. Encore une fois, j'étais vraiment jeune à l'époque. Aujourd'hui, je ne prendrais peut-être pas la même décision. Je regrette un peu. C'était mon rêve d'être footballeur professionnel ! Enfin, ce qui est fait est fait. Ça ne sert à rien de regarder derrière, il faut aller de l'avant et passer à autre chose maintenant !



Dorénavant, Didier est bien décidé à "aller de l'avant" !



SUITE DE L'INTERVIEW A VENIR DANS QUELQUES JOURS ...



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